6. Vallée du Jourdain, menace sioniste

« L’histoire devrait passer aux aveux » (Michelet)

Cette vallée fait partie de la Cisjordanie occupée par l’armée sioniste depuis 1967 et désignée sous le terme de Territoire Palestinien Occupé (TPO). Malgré la résolution 242 votée la même année par le Conseil de Sécurité de l’ONU exigeant le retrait des territoires conquis par la force, l’Etat sioniste continue de coloniser ce territoire sur lequel vivent plusieurs millions de Palestiniens soumis aux lois militaires de l’occupant.

Pourquoi donc s’étonner, s’interroger sur cette volonté d’annexion qui représente l’incorporation d’une nouvelle partie de la terre palestinienne à Israël? Les Etats-Unis ne viennent-ils pas récemment de donner leur feu vert à cette nouvelle agression territoriale en publiant leur plan de règlement de la confrontation palestino-sioniste mais qui n’est en fait qu’un plan d’accaparement des terres palestiniennes au profit de l’envahisseur sioniste.

Pour illustrer le fait que cette annexion programmée, totalement illégale selon le droit international, est une pratique courante du régime sioniste, observons rapidement ce qui s’est passé durant l’histoire récente de l’envahissement de la Palestine depuis une centaine d’années. Cela a commencé, dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle par des acquisitions de terres agricoles, financées en particulier par les banquiers de la maison Rothschild de France, où étaient accueillis des Juifs persécutés dans les pays d’Europe de l’est. Puis, au début du vingtième siècle des colons d’obédience sioniste commencent à s’installer sur des terres achetées à des propriétaires absentéistes palestiniens tout en ne déclarant pas que leur but ultime était la création d’un État Juif. Avec la publication de la Déclaration Balfour en Novembre 1917 et son intégration dans le Mandat confié aux Britanniques par la SDN (Société Des Nations, équivalent à l’époque de l’ONU actuelle) sur la Palestine en 1922, la colonisation sioniste se réalise sous la forme d’implantations communautaires (Kibboutz) pratiquement fermées aux ouvriers agricoles palestiniens. L’occupation se fait alors de plus en plus pressante: création de l’Agence juive (qui n’est autre qu’un proto-gouvernement toléré par les autorités mandataires) puis de la Haganah, la milice armée qui participera aux répressions des rebellions palestiniennes avec l’armée britannique en 1929 et de 1936 à 1939. Après la recommandation de l’ONU, en Novembre 1947, de partager la Palestine historique en deux États, les sionistes vont s’accaparer de plus de surface que ce que le plan de partage leur avait dédié officiellement. L’État d’Israël est alors auto-proclamé sur des terres conquises par la force militaire. Déjà, aucune objection de la communauté internationale n’est émise, ce qui va constituer un encouragement implicite pour les sionistes d’agir illégalement sans risquer de subir des sanctions. Ainsi, mise à part l’affaire de Suez, la conquête coloniale de la Palestine par la guerre va se poursuivre, en particulier en 1967, et aboutira à l’annexion du Golan syrien, de Jérusalem, de l’installation de 600’000 colons dans les TPO.

Ce court rappel historique permet de constater qu’au fil des ans, forts du soutien sans faille des USA et de leurs dociles alliés, les sionistes vont insidieusement coloniser la Palestine sans avoir à rendre des comptes ni à respecter la loi et la justice internationales dont les arrêts pour endiguer ces violations ne sont jamais appliqués.

Quelle est la différence notoire de la volonté proclamée par les sionistes d’annexer la vallée du Jourdain et les annexions précédentes ? Ceux-ci, pour la réaliser, n’auront même pas besoin de déclencher une nouvelle guerre «défensive» comme ils en avaient l’habitude. Ils devront simplement déclarer unilatéralement qu’ils s’approprient ce morceau de terre, puis faire voter, si besoin est, une loi sur mesure par leur parlement, la Knesset. Ils savent, par expérience que leurs faits accomplis sont entérinés par l’indifférence ou la pleutrerie du monde. Certainement, seule la population palestinienne tentera de s’y opposer par des manifestations dont le caractère pacifique sera démenti par des jets de pierres lancées par une jeunesse exaspérée dont on détruit systématiquement le moindre espoir de vivre normalement dans la dignité la liberté et la justice.

Au vu des expériences récentes et le manque de réaction de la communauté internationale (si elle existe encore!), il nous apparait vain (et inespéré) qu’une force extérieure vienne s’opposer au rouleau compresseur sioniste (bien que nous l’appelons de nos vœux!).

Alors, puisque rien ne semble arrêter la démarche colonisatrice sioniste, ne faudrait-il pas souhaiter que tous les TPO (en y ajoutant le territoire de Gaza) soient annexés et qu’ainsi, les Palestiniens, devenant «citoyens d’Israël» pourront lutter, grâce à leur nombre, à l’intérieur de ce pays comme le font leurs deux millions de coreligionnaires qui disposent de quinze députés élus à la Knesset.

Utopie, vœu pieux me direz-vous? Certainement mais ne négligeons pas le fait que, souvent, des peuples en situation désespérée doivent leur salut à une démarche pourtant qualifiée d’irréaliste ou d’irréalisable (l’exemple de l’Inde qui a obtenu son indépendance par une lutte pacifique tenace ou celui du Vietnam qui s’est libéré après une résistance acharnée contre l’armée des USA, la plus puissante du monde sont éloquents). Ne perdons pas de vue que ce qui est en jeu aujourd’hui est, ni plus ni moins la survie de la population palestinienne à long terme. Il ne s’agit pas ici de discours diplomatiques ou académiques mais il s’agit de sauver des millions de vies que menace le monstrueux arsenal sioniste (Israël vient d’être classé le pays le plus militarisé au monde par un institut spécialisé australien; sa compétence pour briser la vie de ceux qui se battent contre le racisme,pour la liberté et la justice, est étalée au grand jour par l’affaire criminelle de George Floyd: les commentateurs américains dévoilent que la police de Minneapolis coupable de son assassinat a été formée et entrainée par la police sioniste israélienne…).

Les palestiniens peuvent compter sur le soutien pacifique des sociétés civiles dans le monde entier. Ce soutien primordial (par le mouvement pacifique BDS, par exemple) doit se poursuivre et sera de plus en plus efficace si la lutte contre l’apartheid et le racisme qui oppressent cette population peut s’appuyer sur un peuple uni qui dépasse sa fragmentation (réfugiés en Palestine, réfugiés à l’extérieur de la Palestine, habitants des TPO et de Gaza, diaspora forcée) ainsi que sa division politique (Hamas et Autorité Palestinienne) que le sionisme entretient pour en profiter.

Depuis quelques années, les sionistes assument et clament ouvertement le fait qu’ils veulent se débarrasser de tous les «Arabes» du territoire qu’ils occupent (comme les nazis qui voulaient se débarrasser de tous les Juifs d’Allemagne puis de tous les territoires européens qu’ils ont occupés). Ils sont incapables de construire une paix juste avec une population qu’ils considèrent comme inexistante ou pour le moins inférieure. La domination qu’ils exercent sur un peuple démuni des moyens (matériels) pour se défendre et la quasi impunité dont ils bénéficient depuis 72 ans font qu’ils légitiment et justifient les crimes qu’ils commettent (le plus flagrant est celui du nettoyage ethnique du territoire sur lequel Israël a été créé, longtemps nié qu’ils estiment aujourd’hui nécessaire et inévitable donc légal et sans lequel cette création n’aurait pas pu se réaliser).

Comme une intervention providentielle et imprévue n’est pour l’instant ni d’actualité ni envisageable, les Palestiniens devront organiser ce combat inégal mais pas désespéré en élargissant, de plus en plus avec toutes les aides sincères qui peuvent y concourir, cette faille du système sioniste représentée par l’INJUSTICE qui constitue le fondement de son idéologie et que sous-tendent l’apartheid, le racisme, le colonialisme pour aboutir, avec le peuple israélien aujourd’hui fourvoyé par ce système, à une entente fraternelle dont la forme reste le choix et la responsabilité des deux peuples.

Mokh, 17.06.2020

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