12. L’apartheid sanitaire, pointe de l’iceberg de l’apartheid sioniste en Palestine

« L’Histoire devrait passer aux aveux (Michelet) »

L’arbre ne doit plus cacher la forêt

Le succès de la vaccination anti Covid19 en Israël fait l’admiration et la une de nombreux médias en Occident. Plus de 1.5 million d’israéliens ont été vaccinés depuis le 23 décembre 2020, date du début de cette vaccination. L’efficacité du système de santé de ce pays est remarquable et attire les louanges de l’étranger. La performance du processus d’approvisionnement en vaccins est également un exemple pour tous les autres pays où le rationnement des doses est déjà en cours.

Au printemps dernier, la lutte contre la Covid19 en Israël avait frôlé la catastrophe car son Premier Ministre, adepte de Mr Trump, avait nié le danger de cette pandémie. Nul doute que Mr Netanyahou, de nouveau en campagne électorale, va tirer profit du bon déroulement du programme de vaccination de toute la population israélienne.

Par contre, ce qui n’est pas rapporté par les grands médias, et en particulier par la télévision (la RTS à 19h30 le27.01.2021), c’est le manque de prise en compte de toute la population des territoires occupés illégalement par Israël dont ce pays doit assumer la responsabilité (entre autres) sanitaire selon les conventions de Genève. Pour l’instant seuls les colons installés illégalement sur les territoires palestiniens occupés seront vaccinés. C’est ce qui ressort du plan de mise en place de la vaccination contre la Covid19 par le ministère israélien de la santé, dénoncé par Amnesty International. Le bureau « Moyen-Orient et Afrique du Nord » de cette ONG a affirmé début janvier 2020 : «Le programme de vaccination contre le Covid19 d’Israël dévoile la discrimination institutionnalisée qui définit la politique du gouvernement israélien vis-à-vis des Palestiniens ».

De la discrimination sanitaire à l’apartheid[1] généralisé

Cette attitude discriminatoire du régime israélien n’a rien de nouveau et confirme le traitement injuste, inhumain de la population palestinienne soumise à un apartheid évident mais toujours pas reconnu par les institutions internationales. Pourtant, il y a plus de trente ans et après une analyse fine sur le terrain, le Tribunal Russel avait statué que Israël avait institué, par ses lois, ses règlements et ses pratiques, un régime d’apartheid contre les Palestiniens au sens du statut de Rome définissant la Cour pénale internationale en 2002. En 2011 ce même tribunal publiait une étude conduite par des experts juristes internationaux dans laquelle ils affirmaient : « Le système juridique israélien octroie un statut privilégié aux Juifs par rapport aux non-Juifs par le truchement de ses lois sur la citoyenneté et sur la nationalité juive. Celles-ci ont créé un groupe privilégié dans la plupart des domaines de la vie publique, y compris les droits de séjour, la propriété foncière, l’urbanisme ainsi que l’accès aux services et aux droits sociaux, économiques et culturels ».

En 2017, un rapport commandé par la représentation de l’ONU au Moyen-Orient et écrit par deux éminents juristes américains (Richard Falk et Virginia Tilley) parvenait à la même conclusion : le régime sioniste israélien pratiquait bien l’apartheid pour soumettre les Palestiniens. Sous la pression des Etats-Unis et d’Israël l’ONU a retiré ce rapport accablant et n’en a pas tenu compte bien que ce retrait l’a rendu célèbre au-delà de toute espérance! Des livres, des articles de presse, des conférences ont dénoncé au fil des ans cette infamie sioniste mais aucune sanction n’a été prise pour empêcher Israël de poursuivre sa politique raciste en Palestine.

B’Tselem, lumière dans la nuit noire

Depuis le 12 janvier 2020, une puissante voix s’est élevée en Israël/Palestine pour enfin faire part de la réalité sociale et politique, si bien occultée, de ce territoire. Il s’agit de la puissante ONG israélienne B’Tselem qui se bat depuis plus de trente ans pour que soient respectés les droits humains dans son pays et dans les TPO (Territoires Palestiniens Occupés). Dans un rapport publié le 12 janvier 2020 en anglais, cette ONG vient confirmer avec force et de nombreux détails un fait de plus en plus irréfutable : « Un régime de suprématie juive du Jourdain jusqu’à la mer Méditerranée : c’est de l’apartheid ».

Il faudrait être doté d’une très épaisse couche d’inhumanité, d’inconscience et de mauvaise foi politique pour ne pas admettre que la paix dans cette région est entravée et impossible à atteindre tant que l’abject régime d’apartheid reste en vigueur contre des millions de Palestiniens.

Concluons en rappelant que tous les pays membres de l’ONU ont le devoir de combattre dans le but de le supprimer tout régime d’apartheid qui est indubitablement considéré par la législation internationale comme un crime contre l’humanité.

H.Mokrani, le 02.02.2021


[1] Définition du crime d’apartheid : La Convention sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid de 1973 définit « le crime d’apartheid comme les actes inhumains… commis en vue d’instituer ou d’entretenir la domination d’un groupe racial d’êtres humains et d’opprimer systématiquement celui-ci ».

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