La barbarie. Et notre espoir.

Vous avez de la peine à imaginer des êtres humains qui matraquent un cortège funéraire, y compris les porteurs du cercueil ?

Alors regardez:

Non, ce n’est pas un «montage cinématographique».

Voici deux autres enregistrements de la scène, par d’autres témoins, d’autres points de vue:

https://www.facebook.com/MQaddoha/videos/742322280233193/

Le cercueil était celui de Shireen Abu Akleh, journaliste tuée le 11 mai dernier par une balle ciblée avec grande précision entre son casque et son gilet de protection.

Refus absolu des autorités israéliennes

Le fait qu’elle était assassinée par un sniper de ses forces «de sécurité» est mis en évidence par le refus absolu des autorités israéliennes d’accepter une investigation indépendante. Et il est confirmé par de nombreux témoignages. Au moment donné, les Israéliens étaient les seuls à tirer; il n’y avait aucun «échange de tirs», contrairement à ce qu’ils avaient voulu nous faire croire.

La conclusion des spécialistes de la chaîne américaine CNN est sans équivoque. Ils ont mandaté des experts pluridisciplinaires pour analyser les données de l’événement  –  les activités humaines dans le quartier, les positions et comportements des personnes concernées et des témoins oculaires, les voies et les distances de tir, ainsi que 11 vidéos enregistrés juste avant, durant, et après le meurtre de Shireen Abu Akleh. 

Voici leur rapport détaillé:

New evidence suggests Shireen Abu Akleh was killed in targeted attack by Israeli forces – CNN  (en anglais)

Le Syndicat des journalistes palestiniens documente chaque année entre 500 et 700 agressions envers la presse. Depuis l’année 2000, au moins 40 journalistes ont été tués par les forces armées israéliennes.

Shireen Abu Akleh killing: Israel’s record of killing Palestinian journalists | Middle East Eye  (détails et liste en anglais)

Les violences israéliennes contre la presse libre

Cela dit, les violences israéliennes contre la presse libre ne représentent qu’une infime partie des crimes commis ou orchestrés par le régime.

Après 76 années d’observation, nous savons que le gouvernement dit généralement le contraire de ce qu’il fait.

En 1948, il présenta au monde sa déclaration d’indépendance qui lui sert de constitution et qui promet entre autre que «L’État d’Israël … assurera une complète égalité des droits sociaux et politiques à tous ses habitants, sans distinction de religion, race ou sexe, … et respectera les principes de la Charte des Nations Unies.»

En réalité, il a abusé de sa force armée pour chasser plus de la moitié de la population autochtone de leurs terres.

Il détruit ou vole leurs biens et ressources dont la valeur se chiffre en multi-milliards de nos francs. Il terrorise ceux qui survivent et résistent malgré tout.

Les archives des Nations-Unies, du CICR, de nombreux pays et d’organisations non-gouvernementales entassent les piles de dossiers qui documentent ses violations systémiques du droit international et de la décence humaine.

Voir un gouvernement se comporter de la sorte au nom d’une ethnie qui a elle-même subi des violences criminelles, c’est vraiment triste.

Le comble, c’est que des pays et sociétés qui se disent civilisés, voire démocratiques, soutiennent le régime raciste.

Certains le font sous chantage, à cause de leur propre passé raciste ou colonialiste, d’autres par cupidité politique ou matérielle, ou par simple ignorance ou lâcheté. Souvent, les majorités silencieuses de leurs populations restent particulièrement silencieuses, préoccupées qu’elles sont par leurs propres soucis et distractions, ou par le risque d’être accusées d’antisémitisme par des groupes partisans de pression. Durant trop de décennies, les mensonges de la propagande israélienne sont restés incontestés, et les crimes adjacents impunis.

Certains gouvernements, puissants, abusent de leur droit de véto au Conseil de sécurité des Nations Unies, pour protéger le régime coupable.

Certains renforcent le régime par un commerce mutuel privilégié, voire même des échanges d’armes.

Certains continuent à demander à l’Autorité palestinienne de négocier un accord avec Israël.

Sans blague: Si des hommes armés entraient dans votre foyer, tuaient des membres de votre famille et volaient vos biens, est-ce que quelqu’un aurait le culot de vous demander de négocier un accord avec les malfrats, pour déterminer lesquels de vos biens ils pourront garder et lesquels vous pourrez récupérer ?!

Le droit international a été conçu par des personnes particulièrement compétentes, et il a été solidement consolidé suite aux expériences dévastatrices faites lors de la Seconde guerre mondiale. Il n’est pas à renégocier chaque fois qu’il ne convient pas à un régime criminel. Il doit être appliqué.

Et le droit est parfaitement clair: «Aucun accord spécial ne pourra porter préjudice à la situation des personnes protégées telle qu’elle est réglée par la présente Convention, ni restreindre les droits que celle-ci leur accorde.»

(Convention IV de Genève, Article 7; Charte des Nations Unies; Déclaration universelle des droits de l’homme)

Le gouvernement de mon pays bien aimé  – 

la Suisse démocratique, humanitaire et neutre!  –  va jusqu’à entretenir une collaboration militaire avec le régime israélien, tout en assurant le secret des informations toxiques:

RS 0.514.144.91 – Accord du 2 février 2012 entre le Conseil fédéral suisse et le Gouvernement de l’Etat d’Israël relatif à la protection des informations classifiées (admin.ch)

La FIFA  et d’autres

La FIFA  –  Fédération Internationale de Football Associations  –  signe des contrats de collaboration avec le gouvernement israélien et son association nationale de football qui tous les deux violent les propres règles de la FIFA autant que droit international.

Mon journal favori  –  «24 heures»  –  pratique l’auto-censure. Il m’informe entre autre que «Accuser Israël de nettoyage ethnique n’est pas publiable dans cette rubrique.»

Lorsqu’une rédaction renonce à son droit d’appeler un chat «un chat», il trahit la liberté de presse, ingrédient essentiel d’une société juste.

Tout ce beau monde néglige les bonne manières et le droit international quand le régime israélien saigne la Palestine.

Mais tout ce beau monde reprend soudainement les bonnes manières et le droit international quand le régime russe saigne l’Ukraine.

«Docteur, comment soigner les malades de la schizophrénie en matière d’éthique?»

Il paraît que les meilleurs «médecins» pour cela sont les mouvements de citoyens.

De citoyens qui n’ont pas froid aux yeux et qui se réunissent sur Internet, dans la rue, et dans les cercles d’amitié.

Car la justice ne tombe pas du ciel; elle se mérite, par des efforts de tous les jours.

Chacun de nous peut y participer.

En refusant d’acheter des produits de violeurs du droit international.

En soutenant les politiciens, les journalistes, les sportifs, les artistes … les citoyens qui s’engagent pour l’humanité.

En défendant la transparence politique. Et la liberté de la presse.

Voilà notre espoir.

Stefan

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